Les péages urbains : un sujet, beaucoup de débats !

Les récents pics de pollution en Ile-de-France et dans le Nord-Pas-de-Calais (11 dépassements de seuils depuis le début de l’année) révèlent une fois de plus la nécessité de prendre des décisions en matière de protection de l’environnement et de santé publique. Les politiques s’affrontent à travers les médias tandis que les habitants se plaignent des effets ressentis en tweetant, avec humour parfois :

Les péages urbains tweet 1

Les péages urbains tweet 2

Remis sur la table par Jean-Vincent Placé, chef de file des écologistes au Sénat, la question du péage urbain fait partie des propositions récurrentes en réaction à ces pics de pollution, elle suscite toujours beaucoup de débats pendant les quelques jours qui suivent.

Rappelons d’abord sa définition : c’est un système de paiement imposé aux automobilistes pour pouvoir circuler dans certains endroits des zones urbaines. Il est destiné à limiter la pollution et la congestion automobile des grandes agglomérations en incitant les automobilistes à garer leurs véhicules dans des parkings relais à la périphérie et à emprunter des transports en commun.

Plusieurs formes de péages urbains sont possibles, en fonction de l’objectif à satisfaire (limiter la congestion, diminuer les nuisances environnementales, financer les infrastructures) et du territoire sur lequel il est mis en place.

Voilà pour la théorie, dans les faits le système semble plus problématique. D’abord en ce qui concerne son acceptabilité : se voir imputé d’une nouvelle taxe ne fait généralement pas plaisir et cela même si les usagers sont conscients des arguments environnementaux derrière ces mesures. Si ces impacts ne sont pas chiffrés et vérifiés, imposer de telles mesures est source de fortes polémiques et fragilisent les usagers les plus modestes. Ensuite, en termes de justice : rendre payant l’accès à une zone définie induit forcément une inégalité entre les usagers en fonction de leurs moyens financiers, mais également en fonction de leurs zones d’habitation. Ils favorisent ceux habitant au centre ville et pénalisent les habitants de la périphérie, risquant ainsi de les mettre en opposition et d’aggraver la ségrégation socio-spatiale (puisque leur application rend les centres villes plus agréables, les prix du foncier augmentent automatiquement).
D’autres problèmes divers se posent et suscitent le débat : son coût de mise en place et sa gestion particulièrement chère, ou encore la technologie utilisée pour les contrôles : dans le cas des péages sans barrière, il y la crainte d’un Big Brother (avec les capteurs, laser et la lecture d’une puce sur les véhicules) qui renvoie au débat sur la question de la divulgation des données personnelles.

Le sujet fait donc polémique à plusieurs niveaux et depuis plusieurs années en France. Son efficacité est discutable, à l’étranger…

Londres est une des principales expériences de péage urbain dans le monde, le système a été mis en place en 2003, et le tarif a été fixé à 11,50 livres (14,50 €) par jour. Actif sauf le week-end, du lundi au vendredi, c’est un système de caméras qui repère les plaques de toutes les voitures entrant dans la zone et vérifie si les véhicules polluants ont ou non payé le péage. Les véhicules propres (électriques et hybrides), les deux-roues, les taxis et les véhicules d’urgence sont exemptés, de même que les deux-roues, les taxis et les véhicules d’urgence.

A Stockholm : Mis en place en 2007 suite à une expérimentation sur plusieurs mois en 2006 pour répondre à un fort problème de saturation sur les liaisons entre les différentes Iles.

A Milan : A l’origine sous forme d’Ecopass, daté de 2012, il est parmi les plus récents.

L’air n’a pas de frontière… Il est donc difficile de mesurer avec certitude les conséquences de l’instauration des péages urbains sur la qualité de l’air. En effet, si la réduction de trafic routier est avérée : de 15 à 85%, l’impact sur la qualité de l’air reste limité en raison du manque de données disponibles dans un grand nombre de villes.

Derrière tout cela, plusieurs questions peuvent se poser : où va l’argent récolté par les péages ? Les gains sont-ils réinvestis dans le financement des transports en commun ?

Au lieu d’envisager la mise en place (coûteuse) de ce système payant pour les automobilistes, ne faudrait-il pas plutôt réfléchir à les attirer vers les autres moyens de déplacement ? Améliorer la quantité et la qualité des transports en commun dans les grandes agglomérations permettrait de garantir une offre de transport attractive et ainsi de changer à long terme les habitudes des habitants. Ainsi, peut être que Toulouse, Lyon, Nice, Paris ou encore Marseille pourront espérer être dans le TOP 20 du classement des 100 plus grandes villes d’Europe concernant la qualité de l’air (actuellement, elles occupent respectivement la position 47, 55, 70, 84 et 94).

Une autre solution se trouve peut-être dans cette dernière innovation qui a vu le jour en Allemagne : des trottoirs comme purificateurs d’air !

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Loré Monnet

Etudiante en Master 2 Marketing et Communication publics à l’Institut de Management Public et de Gouvernance Territoriale d’Aix-en-Provence, j’ai rejoint l’agence Sennse durant mon stage en tant qu’Assistante chef de projet pour commencer ma vie professionnelle. Mon intérêt pour la chose publique combiné à celui que je porte pour le numérique et les nouvelles pratiques digitales guident ma curiosité et mon envie d’apporter ma pierre à l’édifice.

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