Communicant numérique : le profil impossible ?

25% des offres d’emploi actuelles publiées sur le site  Cap Com concernent des postes liés au numérique : webmaster, journaliste multimedia, chargé de mission multimedia, community manager,  chef de projet web… Quel est le profil aujourd’hui du communicant numérique ?


Derrière ces différentes dénominations de postes, nous trouvons souvent le même descriptif. Mieux, nous trouvons des profils parfois totalement improbables. Le candidat devra maîtriser le langage PHP, l’ensemble des logiciels de gestion de contenus du marché, rédiger des articles en bon français, animer des réseaux de contributeurs, interviewer, filmer, monter, créer et gérer des comptes Twitter et Facebook… et accessoirement faire le café et des photocopies. J’exagère ? A peine.

Le couteau suisse de la communication

Dès la fin des années 90, les directeurs de la communication ont pris conscience de l’importance d’internet et de la place que devait y prendre la communication publique. Ils ont vite confié ce travail au webmaster, personnage étrange, un peu geek, souvent confondu avec un informaticien. Spécialiste polyvalent, il est le couteau suisse de la communication numérique. Parfois cela l’arrangeait bien le webmaster de détenir un savoir obscur pour le commun des mortels. Il bénéficiait d’une reconnaissance certaine.

Du coup, internet est demeuré longtemps un media additionnel aux autres supports de communication. Sans véritable réflexion sur ce qui en faisait sa spécificité. D’où le recours le plus souvent au simple « copier-coller » de contenus conçus pour d’autres supports.

Du web 2 aux réseaux sociaux

Le développement du web 2 a changé la donne. L’explosion des blogs puis des réseaux sociaux, essentiellement avec Facebook, a démocratisé l’accès au web. Nous avons assisté à une véritable désacralisation des outils et une libération de la parole. N’importe qui est aujourd’hui en capacité de produire et publier des contenus, quelque soit leur pertinence.

Le webmaster perd de sa superbe et voit une partie de son rôle remis en cause. Et c’est tant mieux : il va enfin pouvoir se consacrer à ce qui fait réellement l’intêret d’internet : les contenus.

Mais ces bouleversements ne touchent pas qu’au métier de webmaster. C’est la communication en général qui est bousculée. C’est le début de la fin de l’information descendante en sens unique et centralisée.

L’individualisation de la relation à l’usager

Ces nouveaux outils induisent de nouveaux usages. Nous observons  trois changements majeurs dans la gouvernance numérique :

  • Un autre rapport au temps, qui s’accélère sans cesse. De la newsletter mensuelle au Twitter instantané, l’information circule en flux tendu.
  • L’individualisation de la relation avec l’usager. Les réseaux sociaux entérinent ce type de relation : on ne souhaite pas s’adresser à une administration anonyme et désincarnée, mais à un être humain.
  • La traditionnelle prise de parole centralisée des administrations est de fait remise en cause. Une analogie peut-être faite avec le téléphone où l’agent de la collectivité est déjà parfois en contact direct avec les usagers. La différence est que la prise de parole sur les réseaux sociaux laisse des traces et engage davantage celui qui s’y exprime.

Le communicant numérique : l’agent 3.0

Face à tous ces changements, le webmaster tel qu’il était défini initialement dans les collectivités devient caduque. Pas facile pour les ressources humaines, le CNFPT et même les directions de la communication. C’est un profil qui doit être redéfini en permanence. Aujourd’hui, nous pouvons définir au minimum trois qualités indispensables au bon communicant numérique :

  • Etre curieux et en veille permanente.
    Les usages, les services évoluent vite. Le communiquant numérique doit rester curieux, tester, évaluer, anticiper, alerter, sensibiliser.
  • Se concentrer sur les contenus,  le fondement même de ce que doit apporter l’outil numérique.
    Comment les enrichir, les rendre complémentaire par rapport aux autres supports. Ne plus se contenter de faire du copier-coller à partir des autres médias. Penser multi-canal
  • Accompagner, former, conseiller, animer des réseaux internes.
    De plus en plus les services d’une collectivité seront en contact direct avec les habitants. D’où la nécessité de poser un cadre, de garantir la cohérence de la parole publique, de responsabiliser et d’établir un contrat de confiance.

Alors profil impossible pour le communicant numérique ? Non, mais un profil en évolution permanente, et c’est ce qui en fait un métier passionnant. Le dernier barometre métier Cap Com révéle qu’1/3 des besoins de formation exprimés en com concernent les TIC.

Rendez-vous le 6 avril aux rencontres Cap Com Net de Rennes pour en débattre, avec Franck Confino directeur de l’agence Adverbia et Didier Chauvin, maître de conférence à l’université de Rennes 2.

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