Recette de la concertation

« En matière de projets d’intérêt général, je vais vous dire ce dont vous avez besoin ». Ça c’était avant. Enfin parfois c’est encore un peu aujourd’hui…

L’écueil majeur de tout processus concertatif, réglementaire ou volontaire, réside dans le dosage entre l’expertise technique préalable, la vision politique nécessaire, et la part faite à l’idée citoyenne.

Un projet ficelé soumis à concertation fait instantanément ressortir les bannières « concertation=bidon » et un projet tellement ouvert qu’il n’en n’est plus un perd le citoyen qui se demande sur quoi on aimerait l’entendre.

Variantes et hypothèses sont au cœur de l’attente collective. Et l’utilisation des unes ou des autres révèlent souvent le véritable positionnement du processus mis en place. Ce n’est pas là qu’un simple jeu de mots.

Les variantes graduent les possibles en indiquant les choix prioritaires du décideur. Elles ont comme bénéfice de marquer des préférences tout en laissant l’opportunité d’aménagements du projet final. Elles ne bouleversent que très peu son ordonnancement technique et son équilibre budgétaire. La variante c’est l’utilisation du choix sans changement global du sens.

L’hypothèse n’affirme pas autant que la variante. L’hypothèse est un énoncé qui appelle à étude et discussion. Elle se prête à la contradiction portée par d’autres hypothèses. Elle demande une grande participation des publics concernés pour s’affiner et aboutir. Le processus passant par l’hypothèse est plus long, plus cahotique, plus fatigant ! Il donne un degré d’expertise important à la parole citoyenne (non-experte la plupart du temps).

Toute stratégie concertative devrait commencer par la composition de ce cocktail subtil expert/politique/citoyen. Trop d’expert et ça pique, trop de politique et ça irrite, trop de citoyen et c’est une recette improvisée. La concertation est un mélange que chaque projet doit réinventer avec ses propres subtilités. Il n’y a pas de recette toute prête.

Olivier Genevois

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Olivier Genevois

Elevé à la pub des 80′s, biberonné au réalisme du marketing, enthousiasmé par les questions globales liées à la Cité, j’ai co-fondé Sennse avec ce joyeux mélange d’aspirations personnelles et de savoir-faire professionnel. Depuis plus de 25 ans je décortique ainsi les enjeux techniques et politiques des institutions, je réponds aux questions très concrètes des opérateurs de transport, je partage les réflexions d’avenir des urbanistes, je me confronte aux exigences divergentes des usagers-consommateurs-citoyens.

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