Quand la communication (politique) devient "comics" !

Il y a quelques mois, Luc Bernard publiait le billet Quand la communication devient “comics” ! , d’où l’envie de lui donner une suite avec celui-ci ! Si vous avez ratez l’épisode précédent, allez le voir puis revenez ici pour le second opus.

Superputin superpropagande

Après la communication commerciale, la presse et certaines initiatives de collectivités locales, la communication politique se met aussi à la jouer “comics”. Le site russe superputin met ainsi en scène un Vladimir Poutine, champion d’arts martiaux et redresseur de torts. Bien sûr, on pense immédiatement à un joke… Pas du tout ! Suivent 34 planches qui se terminent, comme il se doit dans le genre, sur un cliffhanger au suspens haletant et une question “qui est derrière tout cela ?”. Du coup, doute : parle-t-on de l’histoire de la BD ou du produit lui-même. Je soupçonne les 19% de personnes – dont moi – qui optent pour Poutine lui-même de répondre au deuxième degré ! Bien sûr officiellement, les auteurs n’ont rien à voir le staff de Poutine : la BD borcarderait Poutine et sa passion pour le judo et Medvedev fan d’Ipad. Il est vrai que de telles attaques, qui tapent en plein dans les problématiques les plus pointues de la Russie contemporaine, doivent faire frémir le kremlin…Rappelons que Poutine pourra se présenter aux élections présidentielles russes de 2012 car, si la législation russe n’autorise pas plus de deux mandats consécutifs, cette limitation saute s’ils ne se suivent pas. Poutine a conclut un pacte avec Medvedev pour que le champ libre soit laissé au mieux placé – c’est manifestement le truc à la mode entre amis politiques. Au vu de la BD, c’est clairement Poutine dans la mesure où le nom de code de Medvedev est le gnome !

En jeu

Sur le terrain du jeu vidéo, domaine cousin des comics, Poutine écrase également les autres prétendants. Et pas joystick en main : à l’intérieur ! En effet, il est également le héros d’un jeu de la société Progrestar. Bien sûr le porte-parole du gouvernement russe hue l’entreprise qui a commis ce produit sans l’accord de l’intéressé. Mais apparaître en chef de guerre sauvant le monde, aux côtés de la sulfureuse espionne Anna Chapman, quand on veut incarner le leader viril d’un état fort ne fait pas de mal…

Obama s’était également glissé dans les jeux vidéo

Lors de la dernière campagne électorale américaine, Obama s’était également glissé dans les jeux vidéo*. De manière plus subtile. Son équipe avait acheté de la publicité dans les univers mêmes de jeux Electronic Arts. Les joueurs des neuf principaux titres de l’éditeur pouvaient donc apercevoir des panneaux publicitaires dans le décor au gré de leurs matchs de basket dans NBA, de leurs tournois de football américain dans Madden ou autres courses de voitures dans Nascar. Si la BD et le jeu Poutine prête à sourire, l’initiative de l’équipe d’Obama est une première qui fera date. Le placement de produit est un usage courant dans le cinéma, les séries, les clips musicaux, etc. Rien d’étonnant à ce qu’il fasse son apparition in game. D’autant plus que c’est cohérent avec la demande des joueurs de d’univers immersifs et la connexion des consoles sur le web. Celle-ci permet que la publicité in game évolue en fonction du contexte in real life. Alors quoi de plus normal, et donc immersif, de trouver in game de la publicité politique, en période électorale ? En France, l’achat d’espace par un candidat en campagne est interdit. Mais, on voit bien, avec des expérimentations comme les primaires organisées par le parti socialiste ou des positionnements à long terme comme celui de Jacques Chirac pour les élections présidentielles de 1995, que la stratégie déborde des temps électifs stricto sensu. La connexion au web des consoles et le développement des jeux sur smartphones et tablettes peuvent laisser envisager des ciblages par zone géographique. La frontière entre les espaces réels et les espaces virtuels est décidemment bien ténue**.
* Que l’on se rassure, notre président de chez nous est lui aussi présent en mode comics (version collant et cape qui claque au vent) et jeu vidéo.
** Sur ce sujet, voir l’article de La lettre du cadre de janvier 2011.

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