Le web 2.0 au chevet des EPCI

Comment une collectivité peut-elle surmonter un déficit identitaire ? Encore une fois le Web 2.0 vient au secours des échelons méconnus de l’administration. Un site participatif, des réseaux sociaux, les ingrédients de l’interactivité sont réunis pour établir l’intercommunalité du Val de Sambre sur l’échiquier politique local.
Que signifie le sigle EPCI ? Au grand désarroi de nombreux élus, seulement 38% des Français savent à quoi sert un établissement public de coopération intercommunale. Cette méconnaissance de cet échelon administratif résulte de la non-élection des conseillers communautaires. Toutefois, ils devraient, grâce à la réforme récente des collectivités, gagner en transparence démocratique. Autre obstacle à surmonter pour un EPCI est l’explication de son rôle. Très variables, les compétences d’un EPCI sont pourtant visibles au quotidien (exemple : le ramassage des ordures). De plus en plus nombreuses en France, les collectivités intercommunales doivent aujourd’hui dépasser ces difficultés.

L’espoir vient du Nord ?
Parmi eux il en est un qui a bien cerné cette difficulté. L’agglomération Maubeuge Val de Sambre (AMVS) est un EPCI du département du Nord créé en 2001. Dix ans après sa création, cette collectivité territoriale tente de dépasser ce problème commun aux EPCI. Alors qu’elle agit tous les jours au plus près des citoyens, le lien de reconnaissance et de confiance mutuelle n’a toujours pas pris avec ses administrés.
Pour parer à ces complications, l’AMVS lance le 27 janvier 2011, un site Internet participatif : http://jaimonmotadire.fr
Conçu comme un espace d’expression ouvert à tous les citoyens, le site permet aux habitants du Val de Sambre de donner leurs avis et leurs idées pour améliorer ou changer leur territoire. Deux moyens sont mis à disposition pour y parvenir.

“dépasser ce problème commun aux EPCI”

Ce site participatif propose tout d’abord de répondre à un questionnaire rapide sans inscription préalable. A travers les différentes questions posées, l’internaute est amené à donner son avis sur les grandes orientations politiques de l’AMVS, et donc à déterminer les priorités en termes de politiques publiques : identité du territoire, développement économique, culture, tourisme et développement durable.
Ce procédé a, entre autres, permis à l’AMVS de moderniser son logo suite à une consultation lancée via son portail participatif. Cette réussite démocratique atteste de la volonté des dirigeants de la communauté d’agglomération de prendre en considération les avis émis en ligne par les citoyens du Val de Sambre.
« Déringardiser » la boîte à idées
Toujours dans le but de favoriser l’expression citoyenne, l’AMVS réinvente la boîte à idée online. Après avoir donné ses coordonnées, l’internaute peut déposer dans cette boîte virtuelle une idée selon le thème choisi. Là où de nombreuses collectivités oublient que Web participatif suppose une communication bidirectionnelle et donc de répondre aux critiques et avis émis – même les plus négatifs – l’AMVS ne commet pas cette erreur.
Le principe de ce site participatif prend tout son intérêt lorsque, par exemple, Henri propose, le 23 février d’aménager l’un des carrefours de Maubeuge d’un ralentisseur, la communauté lui répond “votre demande est pertinente” et la transmet aux personnes et services compétents.
Du bon usage des réseaux sociaux ?
En plus d’avoir compris les tenants et les aboutissants de la bidirectionnalité, jaimonmotadire.fr s’essaye à un usage complet du Web 2.0 en assurant une présence sur les réseaux sociaux. Ce site participatif dispose d’un Twitter, d’une page Facebook alimentée régulièrement, ainsi qu’un flux RSS. Malheureusement l’usage qu’il en fait déçoit à plus d’un titre.
Son compte Twitter est alimenté de manière très irrégulière d’actualités locales. Il ne compte à ce jour que 35 followers. Quant à sa page Facebook, qui est suivie par seulement 96 personnes, elle souffre du même problème. Sur les 50 premiers posts de son “wall”, je n’ai comptabilisé que deux commentaires. Aucun de ces commentaires n’a eu de réponse ni de “like” de la part du community manager.

“mettre en avant la contribution du citoyen lambda et ainsi lui donner le sentiment qu’il a vraiment son mot à dire”

Si les équipes se montrent tout à fait réactives dans l’animation du site jaimonmotadire.fr, il en est autrement des réseaux sociaux. Le constat est amer, d’autant plus que ces réseaux sont des outils appropriés pour créer de l’interactivité.
Ne serait-il pas plus intéressant de publier, par exemple, sur Facebook, certaines des nombreuses idées postées sur le site afin de susciter le débat ? De cette manière, on peut amener les citoyens à discuter ensemble et à élaborer des avis plus constructifs. Qui plus est, ce procédé permettrait de mettre en avant la contribution du citoyen lambda et ainsi lui donner le sentiment qu’il a vraiment son mot à dire.
Valoriser pour démocratiser
Cette question de la valorisation des fruits d’une démarche participative est souvent le point manquant à de nombreux dispositifs. Contrairement à ce que beaucoup peuvent croire, les dirigeants politiques en premier, la démocratie suppose des règles justes qui doivent être le reflet d’une image de la société correspondante. Etre démocratique n’induit pas le fait de sembler démocratique. Dans un système médiatique où l’image est omniprésente, le sentiment populaire n’est pas à négliger et la communication à privilégier. C’est là toute la théorie anglo-saxonne des apparences.

“Etre démocratique n’induit pas le fait de sembler démocratique”

Jaimonmotadire.fr part donc d’une très bonne initiative et mérite d’être approfondi. Les responsables du site, difficilement accessibles au moment de la rédaction de cet article, en ont probablement la volonté. Ils ont déjà prouvé qu’ils savaient répondre aux critiques et commentaires. Pour preuve, l’ajout du Numéro Vert sur la page d’accueil a fait suite à un commentaire laissé par un internaute sambrien. Un numéro vert aujourd’hui, une politique publique demain ? Qui sait ?

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Une pensée sur “Le web 2.0 au chevet des EPCI

  • Ping : Gazouillis du 03-08-2011 | Carnet de Transition(s)

  • 13 septembre 2011 à 12 h 08 min
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    Article intéressant. Une remarque tout de même : ne dîtes pas “EPCI” pour qualifier les EPCI à fiscalité propre qui seront élus au suffrage universel direct en 2014. Il s’agit des “communautés”. Le terme existe depuis 1966 avec la création des “communautés urbaines”. Il a été définitivement consacré en 1992 avec les “communautés de communes” et en 1999 avec la création des “communautés d’agglomération”. Communauté c’est plus “identitaire” que “EPCI”, acronyme barbare qui ne distingue pas les communautés des syndicats de communes.

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