Je suis garde champêtre 2.0 et j’en suis fier !

Qu’on se le dise dans ce monde impitoyable dans lequel on nous rabâche sans cesse que le numérique doit être au service du développement durable, le terme garde-champêtre 2.0 est une fulgurance sémantique carrément tendance.

Les termes « garde-champêtre » et « 2.0 » peuvent-ils cohabiter ? C’est à première vue bien paradoxal. Et c’est pourtant un état d’esprit que je vous invite grandement à cultiver.

C’est ma modeste, et somme toute, riche et passionnante expérience de community manager pour la ville d’Arras, ville moyenne de 40 000 habitants, qui m’amène à rédiger ce billet et à revendiquer ce statut ô combien, dans quelques temps j’en suis convaincu, envié et désiré !

Oui au garde-champêtre 2.0 !

Je vous passe le laïus sur la nécessité de disposer d’un community manager dans les collectivités, nous sommes d’accord, ça commence bien.

Je ne m’énerverai pas à parler des collectivités qui ne sont encore présentes sur les médias sociaux (Ah si je vais en parler en fait) : c’est pire qu’une catastrophe en terme d’image, c’est clairement occulter que les usages ont changé et que nous devons impérativement nous y adapter ; je viens d’attraper des plaques d’eczéma en écrivant cette phrase…

Vous, chers amis communicants (et pas encore garde-champêtre 2.0 de fait) qui êtes convaincus de cet besoin vital, vous avez la responsabilité de débouler dans les moquettes du pouvoir et de remuer les puissants (Directeurs, DGA, DGS, Elus…). Soyez offensifs et non résignés !

Bon, revenons à nos moissons chers collègues (NDLR : au Moyen-Age, le garde-champêtre était celui qui gardait les moissons). Pourquoi garde-champêtre 2.0 vous demandez-vous ? Et bien parce que selon moi, le postulat pour exercer correctement le boulot de CM, est déjà de lever ses petites fesses de son siège de bureau souvent bien confortable pour aller à la rencontre de la ville.

Grâce à cette pratique, on donne une image dynamique de la collectivité, l’image d’une ville qui bouge dans laquelle il se passe des choses.

L’essence du garde-champêtre 2.0, et ce qui lui donne du crédit, réside justement dans le fait qu’il soit mobile et qu’il puisse veiller sur sa ville en la valorisant et en prenant soin d’elle. Un garde-champêtre 2.0 doit être fier de sa ville pour transmettre ce sentiment de fierté à sa communauté, la bienveillance doit être, sans l’ombre d’un doute, le moteur de ses actions…

Alors oui, il n’est pas question de partir toute la journée en promenade. N’oublions pas qu’il faut également dégager du temps pour de la veille, du partage d’infos, pour gérer les trolls… et aussi pour trouver (parfois) de bonnes idées à tête reposée.

En toute circonstance, le garde-champêtre doit rester digne !

Pour devenir un vrai garde-champêtre 2.0, plusieurs pratiques de publication peuvent être mises sur pied ; le but recherché étant bien sûr d’augmenter votre audience, portée, taux d’engagement et autres termes barbares.

Aller à la rencontre de la ville peut prendre plusieurs formes. Il est question ici de travailler sur des messages positifs pour générer de l’engagement positif.

La photographie, est de l’avis de tous, un vecteur fort d’engagement. Nous avons toutes et tous dans nos villes une jolie place, fontaine, des bâtiments anciens… alors levez vos fesses et allez, de temps en temps (n’en abusez pas non plus, essayez de varier au maximum les lieux pour éviter de lasser la communauté) vous faire quelques séances photos pour valoriser les atouts de votre collectivité.

La valorisation des événements de la ville est également une des missions principales, à mon sens, du garde-champêtre 2.0 ;  et ce dernier doit savoir s’adapter à tous les événements ou à toutes les situations :

On peut mettre en place des posts teasing en amont de l’événement pour susciter l’intérêt de la communauté : montage, coulisses, off… en somme donner de l’exclusivité. Et le garde-champêtre 2.0 doit pouvoir s’adapter aux circonstances. Si vous avez une plage installée pour l’été par exemple dans vos villes, n’hésitez pas à chausser les claquettes et à vous coiffer du chapeau de paille pour l’occasion !

On peut ensuite faire vivre l’événement en accompagnant de la manière la plus réactive, l’immédiaté des médias sociaux nous l’impose, un concert, une rencontre sportive, une fête de la musique, une inauguration d’exposition…  ou un forum/salon de l’agriculture, la tenue de rigueur sera alors une belle paire de bottes. Conseil : prévoyez une paire de chaussures de rechange, cela vous évitera de garnir les couloirs de votre mairie et de votre bureau de terre fraîchement ramenée de l’événement.

N’hésitez pas non plus à endosser c’est parfois inné chez certains, le costume de pique assiettes pour vous incruster comme il se doit à un vernissage ou à une inauguration.

On peut également créer l’événement en proposant des jeux itinérants et en mobilité dans la ville, du type inviter les fans à vous trouver en postant des indices via les médias sociaux. Pensez à vous déguiser pour le coup, en super héros ou même en Louis XVI si vous proposez un jeu flashcode historique par exemple.

Par contre, pour ce type de publications, pas de place pour les retardataires. Vous savez, vous comme moi, que pour un concert qui débute à 20h, il ne sert à rien de se pointer à 21h en espérant faire le buzz. La photo de ce concert aura déjà partagé sur les pages facebook ou comptes twitter de médias ou d’influenceurs locaux à 20h03 au plus tard. C’est dire si cela oblige le garde-champêtre à être réactif et organisé. Taylor nous avait prévenu il y a déjà un moment : « the right man at the right place ».

Si vous vous coiffez comme il se doit cette casquette connectée de garde-champêtre 2.0 : nouveaux fans et followers, likes, commentaires, retweets, favoris… suivront naturellement, faites-moi confiance !

Je ne saurai compter les messages reçus depuis des mois qui disent au sujet d’une couverture d’événement, grossomodo : « Merci, on a l’impression d’y être », si ce n’est pas une belle récompense ça, en tous cas ça y ressemble fichtrement.

Le résultat, in fine, de ce travail de terrain, c’est de créer un véritable territoire commun et d’inscrire les médias sociaux de la collectivité dans la vie de la ville et des habitants.

Cette « liste » de pratiques de publication est bien évidemment non exhaustive. Ce travail « risqué » de garde-champêtre 2.0 est bien sûr un complément au travail classique du CM qui se fait plutôt  au bureau. Outre les aspects évoqués plus haut (veille, partage, modération…), je pense notamment ici au volet touchant au crowdsourcing.

Garde-champêtre 2 .0, un métier d’avenir ?

C’est également sûrement une renaissance pour le métier de garde-champêtre parfois dévalorisé par certains… comme tout métier qui se respecte, il se doit de muter et ici nous lui donnons clairement une seconde jeunesse auquel il ne s’attendait certainement pas.

Qui sait ? Dans quelques années, ce statut de garde-champêtre 2.0, comme son aîné, sera reconnu, je l’espère vivement, comme un grade à part entière de notre bonne vieille fonction publique territoriale.

Le garde-champêtre 2.0 est, vous l’aurez compris, une sorte de « caméléon numérique », qui s’adpate à sa ville en essayant de tirer le meilleur de ce qui se passe à l’extérieur de son cher bureau : disponibilté, réactivité, innovation avec un zeste d’opportunisme sont ses principales qualités.

Je termine ce billet en laissant parler mon cœur : au diable cette image de community manager rivé devant son écran pendant des heures et des heures ! J’en appelle à vous chers collègues community manager de collectivité, soyez toutes et tous des gardes champêtre 2.0 !

NB : Rendons à César ce qui appartient à César, et César est en l’occurrence sur le sujet Monsieur Benjamin Teitgen, Directeur-Adjoint et responsable de la communication digitale de la ville de Besançon, inventeur de ce terme de garde-champêtre 2.0. Terme dont il m’avait affectueusement, du moins je l’espère, qualifié en préparant un des ateliers présentés lors des Carrefours Numériques du dernier Forum Cap’Com 2014 : « Faut-il payer pour être vu sur Facebook ? »

La présentation de cet atelier est à retrouver ici.

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Damien Filbien

Titulaire d'un Master en Communication, et après quelques piges dans des journaux locaux, notamment la Voix du Nord, j'ai embrassé les métiers de la Communication Publique en mai 2007. D'abord, chargé de communication/webmaster pour la Ville de Béthune (Pas-de-Calais), j'occupe depuis le mois de janvier 2013 le poste de Chargé de Communication Numérique à la Ville d'Arras. Je suis à ce titre, le responsable de la communication digitale de la ville, en charge notamment du développement, de l'animation et de la modération des médias sociaux sur laquelle la ville est présente : Facebook (www.facebook.com/VilleArras) et Twitter (@VilleArras).

2 pensées sur “Je suis garde champêtre 2.0 et j’en suis fier !

  • Ping : Le quotidien du community manager | Pearltrees

  • 30 janvier 2015 à 15 h 05 min
    Permalink

    Ha ha. Ca me rappelle un vieux souvenir. Dans une précédente collectivité, pour le 1er avril, on avait publié une actu en Une : Fermeture du site web faute de fréquentation suffisante, les webmasters reconvertis en garde champêtre. Comme quoi, on y revient.

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