En finir avec le nombrilisme digital territorial

Défendre son pré carré, ne pas partager et enrichir entre collectivités son écosystème digital d’information revient à terme à se tirer une balle dans le pied. Ou comment arrêter de se regarder le nombril et répondre aux besoins des habitants.

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J’habite en Gironde, disons à Eysines. Je travaille à Bordeaux mais je vais au théâtre à Saint-Médard et je fais du sport à Mérignac. Mais j’aime bien aussi me promener à Arcachon. Mes enfants sont scolarisés au collège de Talence. Ma femme aime bien aller au resto à Pessac et faire les courses à Bouliac…
Pour vivre et me déplacer sur ces différentes communes j’ai besoin de trouver des informations sur internet relatives à des horaires, des infos liées à des démarches, des adresses, des modalités d’accès… Et pour les trouver, je dois deviner sur quel site elles sont publiées : celui de ma commune ? de la commune voisine ? de l’agglomération ? du département ? un peu sur chaque site ?…

Faciliter la vie des usagers

N’avez-vous jamais fait ce constat ? Notre vie quotidienne et nos déplacements ne se limitent pas aux frontières de notre commune d’habitation. Elles sont mouvantes et diffèrent d’un habitant à l’autre. Et elles ne correspondent pas au périmètre de compétences et d’actions des collectivités où nous habitons, où nous nous déplaçons, où nous travaillons, où nous avons nos loisirs. Chaque institution a son écosystème d’information souvent cloisonné et auto-centré, qui ne correspond pas à la logique de vie et de mobilité des habitants du territoire concerné.
Alors que le souci des collectivités devrait être de faciliter la vie quotidienne de ses usagers, elles fonctionnent encore trop dans une logique administrative fermée. Les informations pourraient être partagées, voire mutualisées et consolidées. Mais chaque institution garde son pré carré, ou parfois des enjeux politiques locaux freinent toute velléité de collaboration entre les différentes strates territoriales.

Penser le territoire de l’usager

Google l’a bien compris. Et si nous n’y prêtons pas attention, le moteur de recherche affichera bientôt davantage d’informations pertinentes sur des équipements publics que les sites web des institutions qui les gèrent. Cela a déjà commencé. Faites des tests en recherchant des informations sur des lieux que vous fréquentez. Vous trouverez souvent dans la partie droite des résultats de Google des informations complètes, qui vous éviteront d’aller sur tel ou tel site.
Pourtant des solutions existent. Sur des problématiques d’agenda d’événements, des bases de données en ligne ouvertes comme infolocale ou open agenda favorisent le recueil et le partage d’informations à grande échelle, et ce gratuitement dans leur version de base. Elles offrent des avantages indéniables : un gain de temps pour la saisie et la diffusion des informations, une fiabilité accrue de leur diffusion, une meilleure distribution qui colle à une logique de vie et de mobilité des habitants.

Tout le monde y gagne

Ainsi, chaque commune entre sur la plateforme son propre agenda et le rend public. De ce fait elle peut aussi accéder aux événements publiés par les autres communes et les intégrer dans son propre agenda sans ressaisir les informations. Tout le monde y gagne.
Xavier de Fouchecour, directeur de l’agence Beaurepaire, avec sa solution globale baptisée Publidata, évoque le concept d’egographie : « C’est la géographie du moi. Cela consiste à penser le territoire à partir de l’individu et de ses besoins, explique t-il. Chaque habitant est un territoire à lui tout seul. Il s’agit de simplifier, fluidifier et personnaliser sa relation avec les collectivités et les politiques publiques mises en places par les élus. »
Alors l’avenir du web territorial est-il dans le cloud avec des bases de données publiques mutualisées et partagées ? Très probablement. Mais il faudra encore lutter contre quelques vieux réflexes conservateurs et travailler sur sa légitimité en tant que service public, face aux mastodontes que représentent Google et consort.

(Chronique parue initialement dans la newsletter de Cap Com)

Marc Cervennansky
@cervasky

Photo : http://mag.beautistas.com

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