Du papier au web… ou du web au papier ?

Lors des dernières rencontres de la communication numérique à Issy les Moulineaux, entre deux conférences et ateliers, j’ai eu le plaisir d’échanger avec différents collègues et spécialistes sur une question récurrente au sein de nos services communication : quelle complémentarité entre web et papier ? La question n’est pas nouvelle, mais il semble qu’elle n’ait pas encore trouvé de réponse satisfaisante.

Du web au papier

Rue 89 a récemment travaillé avec l’équipe du réseau Cap Com sur l’évolution de leur newsletter, avec un certain nombre d’interrogations liées à la temporalité de diffusion de l’information, entre le site web, les réseaux sociaux et la newsletter. A quel rythme diffuser son information ? Quel est le bon moment ? Quel est le bon support pour toucher un maximum de lecteurs ?

Pour nous, communicants publics, la question se pose également pour le magazine papier, dans le droit fil d’une complémentarité entre les supports traditionnels et les supports numériques.

Le dernier baromètre de la communication locale le confirme : le journal territorial demeure encore et toujours le premier support d’informations des habitants.

Totem du système d’information territorial, le magazine territorial bénéficie d’un rythme de parution qui ne correspond absolument pas au rythme du web et des réseaux sociaux, qui ont plutôt tendance à être… instantanés.

Complémentarité ou simple transposition

Pour être en phase avec notre époque – certains diront “pour faire plaisir à nos élus” – des dispositifs se mettent en place afin de rendre accessible le magazine en ligne. Force est de constater que les expériences les plus notables révèlent une logique qui va du papier vers le web. A minima, le journal est un simple PDF feuilletable. Il mentionne parfois des liens vers des compléments d’informations en ligne. Au mieux, il est consultable en version enrichie sur le web ou sur tablette…

Voir par exemple les magazines en ligne, plutôt réussis,  du Finistère ou de la Loire Atlantique.

S’agit-il ici d’une véritable complémentarité ou bien plutôt une simple transposition du papier vers le web ? N’y aurait-il donc pas un problème de temporalité et de complémentarité entre nos supports ? Nous publions sur le web ce que nous avons déjà publié sur le papier. Cela vous semble-t-il logique ? Efficace ? Quelle est l’audience réelle de ces magazines en ligne pour quel coût ? Les quelques chiffres glanés ici et là ne sont pas pour l’instant très encourageants.

Publier sur le web des articles issus des supports papier de la collectivité est confortable quand cette dernière ne dispose pas d’équipe rédactionnelle dédiée au numérique. Et cela permet de se passer des fastidieuses étapes de validation.

Les rédacteurs/trices en chef territoriaux voient très bien ce dont il s’agit : entre le choix des sujets, leur rédaction et leur mise en page : combien d’étapes de relectures, corrections et validations de la part du Cabinet ? Un processus souvent très long. Mais un processus également encré dans les mentalités, le ciment du bon fonctionnement entre la communication et le Cabinet.

Imaginez-vous qu’un tel processus soit appliqué au web ? Chaque actualité, publication sur Facebook ou Twitter devant faire l’objet de validation avant publication.

Une logique éditoriale à revoir

Franck Confino, présent aux rencontres numériques de Cap Com, évoquait une piste séduisante: “pourquoi ne pas inverser la logique ? Partir du web pour ensuite publier sur le papier”.

La magazine pourrait constituer une compilation ou un approfondissement des meilleures informations publiées sur le site web ou les réseaux sociaux de la collectivité. Avec le “digital first”, c’est toute une logique éditoriale qui est à revoir. Elle est incontournable, à terme. La presse nationale adopte déjà plus ou moins ce processus rédactionnel.

Le jour où vous accorderez autant d’importance au numérique qu’au magazine papier pour fournir des informations qui répondent aux attentes des habitants, vous pourrez vérifier si le journal est toujours le support préféré des Français” estime Franck Confino.

Le web et les réseaux sociaux ne sont-ils donc que les supplétifs du magazine territorial ? Trois conditions paraissent incontournables pour réussir cette révolution non pas du papier vers le web mais du web vers le papier : repenser les moyens accordés à la communication numérique,  revoir le système de validation interne et redéfinir la stratégie éditoriale.

Cela signifie identifier et négocier ce qui peut être assoupli dans ce que le Cabinet doit absolument vérifier” argumente Franck Confino. “Et cela implique que le service communication arrête de fonctionner en silos. Le web d’un côté, les publications de l’autre.” conclue t-il.

Définir un écosystème cohérent entre le journal, le web, la newsletter et les réseaux sociaux, établir les priorités selon les temporalités propres à chaque média, réorganiser les ressources éditoriales : de nouveaux défis passionnants pour les communicants d’aujourd’hui et de demain.

Marc Cervennansky

@cervasky

P.S. : On en parlait déjà en 2011!

Article publié initialement dans la newsletter de Cap Com

 

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