Tentative de typologie des dircoms (2)

par Marc Thébault   Il y a quelques jours, nous vous proposions de découvrir les premiers “portraits réputés non sérieux” de dircoms brossés par Marc Thébault, directeur de la communication de la Communauté d’agglomération Caen la mer. En voici la suite et malheureusement la fin. Toutefois, afin de laisser cette galerie ouverte, participez avec nous à la rédaction du 3e opus !   ET LES GENS ? : pense être le porte-parole permanent de toute la population, lui seul ayant le pouvoir de la comprendre et de la représenter. Souvent ancien militant de base, il se méfie de ceux qui ont percé trop vite, sans doute au prix de l’abandon de leurs convictions. Il méprise tous ceux qui sont hors de la « vraie vie » et il ne rêve que d’agoras et de débats permanents. Veut peser dans toutes les prises de décision même s’il est épuisé de porter autant de responsabilités sur ses épaules. Son registre : Cassandre. Son expression favorite : « Ah, s’ils m’avaient écouté ! » Son moteur : tout doit se négocier, ce n’est pas négociable. La question qui le tuera : « Tu crois vraiment que les gens comprennent ? » Variante : en moins douloureux et en plus intello, sa légitimité venant davantage de ses capacités intellectuelles que de son souci de représentativité : M. CONCEPTS. On peut également être confronté à l’ancien journaliste qui exhibe sa clause de conscience comme d’autres exhibent leurs… médailles : REDAC’CHEF.   CHEF DE FAB : il fuit la politique comme la peste, c’est dangereux pour son avenir et trop sinueux pour son goût de la ligne droite. Il regrette l’esprit de l’école Estienne, celui du travail bien fait, surtout face à ces « créatifs » qui maîtrisent, certes, des logiciels de mise en page, mais ignorent tout de la gestion des points picas : ils ont des idées mais « bossent comme des sagouins ». Les sciences humaines et les théories de la relation sont, pour lui, un conglomérat d’à-peu-près, proches de l’astrologie. Il n’a confiance que dans la technique. C’est un artisan d’art. Il a sa propre grille pour tout analyser. Et « tout ce qui dépasse » doit être coupé. Son registre : code typographique. Son expression favorite : « C’est nul, il faut tout refaire » ou « C’est en cours, on s’en occupe » Son moteur : si c’est validé par les élus et techniquement irréprochable, c’est bon. La question qui le tuera : « On a mis de l’helvetica à la place de la bodoni, c’est pas grave, hein ? » Variante : en moins brillant et en plus stressé, s’accrochant au peu de certitudes qu’il a : ET LA CHARTE GRAPHIQUE ? Il existe aussi la version incompétent techniquement mais incollable sur les procédures d’achats publics : M. PROCÉDURES.   J’APPELLE L’AGENCE : ses expériences et formations ne lui ont donné ni assez de technique, ni assez de recul politique. Souvent hésitant, il sait que son salut viendra des autres. Soucieux d’être discret en interne, il n’hésitera cependant pas à se montrer parfaitement tyrannique avec ses fournisseurs. Il ne sera détendu que lorsqu’il pourra enfin profiter du travail des autres et alors recevoir des félicitations qu’il ne redistribuera qu’avec parcimonie, ou pas du tout ! Il sait, par contre, en famille ou avec ses amis, raconter l’histoire à sa manière en prenant le plus grand soin à laisser supposer, l’air de rien, toute son influence dans les milieux politiques. Son registre : celui du coucou, qui fait son nid dans ceux des autres et se plaint du manque de confort. Son expression favorite : « Il me le faut demain matin. » Son moteur : flatterie des chefs et exploitation des subalternes. La question qui le tuera : « C’est ton adjoint qui a trouvé cette idée ? » Variante : le même en plus paralysé : JE FAIS QUOI LÀ ? Mais aussi INSPECTEUR GADGET, c’est la version ludique puisque la communication est surtout vue comme « rigolote » avec tous ces jolis objets à collectionner.   M. 4 X 3 : le salut, il faut savoir, réside dans le plan-média. Tout doit être prétexte à une campagne d’affichage, à une distribution de tracts. Ce qui compte n’est pas forcément que cela soit vu : ce qui est essentiel est qu’on ne puisse pas lui reprocher de ne pas avoir fait son travail. L’élu veut diffuser de l’info ? Lui, il diffuse, et largement encore ! Son registre : l’étalage. Son expression favorite : « On fait un tract toutes boîtes. » Son moteur : l’ostensible. La question qui le tuera : « Le réseau est complet pour 6 mois, on annule ? » Variante : un rien plus créatif, parfois très fatiguant pour son entourage : 1 IDÉE PAR SECONDE. Ce dernier en version digitalisée donnant : HIGH-TECH.Variante perverse : elle rejoint J’APPELLE L’AGENCE et se nomme : 1 IDÉE DES AUTRES PAR SECONDE.   B 52 : C’est le cousin de M. 4 X 3. Il n’est pas l’ami des arbres, car il ne peut concevoir son métier autrement que par le volume de ses productions. À l’instar d’animateurs de certains villages de vacances évoquant leurs conquêtes féminines, il ne compte qu’en tonnes. À commencé sa carrière par le célèbre jeu des vestiaires de garçons « qui c’est qu’a la plus longue ? ». Sa seule mission sur Terre, imprimer puis distribuer tout ce qui peut être imprimé et distribué, à l’exception des agendas 21. Il rêve d’être un jour payé au volu
me. Il est le chouchou des imprimeurs et des kinés qui réparent sans relâche les épaules luxées des distributeurs. Son registre : toujours un de plus que toi. Son expression favorite : « T’as vu, y’en a partout ! » Son moteur : démarre uniquement à plus de 50 000 exemplaires/minute. La question qui le tuera : « Et si on ne distribuait que dans un seul quartier ? » Variante : en plus énervé, d’où un nom difficile à prononcer : FAUT QU’ÇA S’SACHE.   VIVE LA PRESSE : tout ce qui est dans les media est réputé vrai, voilà son credo. Apte à rédiger tous les dossiers de presse désirés sur n’importe quel sujet, même s’il n’y comprend rien, il possède la rare faculté de pouvoir téléphoner huit heures de suite sans aller aux toilettes. Les journalistes sont ses amis mais, en cas de reproches de la part de ses employeurs, il sait toujours oublier ses attaches affectives pour dénoncer le peu de compétence, l’absence de déontologie ou le parti pris de ces « scribouillards ». Son registre : le copinage utile et réversible. Son expression favorite : « T’as lu mon dossier ? » Son moteur : surbookage et épaisseur du carnet d’adresses. La question qui le tuera : « C’est vous qui avez demandé à ce pigiste d’écrire cette connerie ? » Variante : moins efficace mais plus « design » car misant tout sur la puissance de sa séduction naturelle et surtout motivé par la dominante féminine de ce champ professionnel : M. BELLE GUEULE (existe, bien sûr, en version femelle).   “Au fait, vous avez le droit de trouver mon sens de l’humour discutable et si vous avez des noms à mettre en face des catégories, faites-le. Cette liste est perfectible et sans doute incomplète, n’hésitez pas à la compléter” pécise Marc Thébault. Nous vous invitons donc à continuer cette liste, à l’instar du DESABUSE de Philippe Deracourt. A vos claviers !   Si le module de sondage n’apparaît pas : cliquez ici    Tentative de typologie des dircoms (1)   Customer Reviews at eShopperForum.com              Cliquez pour envoyer un commentaire audio Votez pour cet article sur "Fuzz !" #menu #trib { background-position:100% -150px; border-width:0; } #menu #trib a { background-position:0% -150px; color:#333; padding-bottom:5px; } .divTitreArticle h2, .infoExtrait { border-bottom: 1px solid #9ACC81; background-image: url(https://idata.over-blog.com/0/18/46/70/article/tribune2.gif); padding-top:10px; background-position: top left; background-repeat: no-repeat; background-color: transparent; }

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